Filmer la danse, filmer la musique,qui sont les deux disciplines en dialogue dans ce récit lyrique et chorégraphique (voir "documentaire lyrique et chorégraphique") le geste, geste instrumental et geste "du quotidien", geste qui devient danse, geste associé au son.
La temporalité de notre action étant inscrite dans le temps scolaire, nous posons notre regard et notre pratique artistique dans ce temps là, c'est là le cadre que nous nous sommes donné.
Une des intentions est d'explorer, de redécouvrir des territoires de l'école, pour un mieux vivre dans son quotidien, réenchanter le banal, être à l'écoute du monde, observer, trouver de l'unique dans la multitude, s'exercer à chercher la beauté. dans sa rue, son espace, sa ville. Choisir pour raconter, cueillir et façonner, trouver une cohérence qui est le chemin vers l'esthétique. Chacun étant sollicité pour s'ouvrir à son imaginaire confronté à ce réel.
Les objets qui composent l'école sont produits en série assignés à une fonction précise mais notre usage et notre regard seront uniques.
C'est comme cela que l'anodin devient remarquable, le quotidien exceptionnel, le commun unique. Mots clés : temps, espace, cohérence, narration, choisir, réel, imaginaire. Ces notions seront déjà misent en jeu lors des prochaines journées passerelles pour lesquelles j'ai proposé de travailler sur le temps et l'espace à travers différents jeux:
 
• Faire écouter une pièce de musique et demander aux enfants de faire une improvisation dansée sur la mémoire de la durée de cet extrait (travail sur l'appréhension, la notion du temps, la forme: construction en parties distinctes, le caractère)
• Faire danser les enfants les yeux bandés dans différents espaces prévisualisés avec de la musique improvisée interactive (qui peut aussi guider, alerter…).
 
Orientation, évoluer dans un espace. C'est dans cet espace de l'école que nous captons les "visions fugitives" que nous collectons, ce qui constitue le matériau de base de cette "Rhapsodie en mouvements" . (Rhapsodie : Pièce instrumentale de caractère libre, proche de l'improvisation, utilisant des thèmes ou des effets folkloriques. [Les principaux auteurs de rhapsodies sont : Liszt (Rhapsodies hongroises), Brahms (Zwei Rhapsodien), Lalo (Rhapsodie norvégienne), Dvořák (Rhapsodies slaves), Gershwin (Rhapsody in blue), Ravel (Rhapsodie espagnole), Bartók.)
Cette proposition de glissement permanent du réel vers l'imaginaire m'a remis en mémoire ce poème de J.Prévert qui est une des manière de voir l'élève autrement, une des pistes pour travailler sur la notion d'échec scolaire (d'ailleurs je viens d'apprendre que Rinor était en échec assez sévère dans son parcours scolaire et en voie de réorientation, donc que notre action pourrait le revaloriser).
 
Page d’écriture
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize...
Répétez ! dit le maître
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize.
Mais voilà l’oiseau-lyre
qui passe dans le ciel
l’enfant le voit
l’enfant l’entend
l’enfant l’appelle :
Sauve-moi
joue avec moi oiseau !
Alors l’oiseau descend
et joue avec l’enfant
Deux et deux quatre...
Répétez ! dit le maître
et l’enfant joue
l’oiseau joue avec lui...
Quatre et quatre huit
huit et huit font seize
et seize et seize qu’est-ce qu’ils font ?
Ils ne font rien seize et seize
et surtout pas trente-deux
de toute façon
et ils s’en vont.
Et l’enfant a caché l’oiseau
dans son pupitre
et tous les enfants
entendent sa chanson
et tous les enfants
entendent la musique
et huit et huit à leur tour s’en vont
et quatre et quatre et deux et deux
à leur tour fichent le camp
et un et un ne font ni une ni deux
un à un s’en vont également.
Et l’oiseau-lyre joue
et l’enfant chante
et le professeur crie :
Quand vous aurez fini de faire le pitre !
Mais tous les autres enfants
écoutent la musique
et les murs de la classe
s’écroulent tranquillement.
Et les vitres redeviennent sable
l’encre redevient eau
les pupitres redeviennent arbres
la craie redevient falaise
le porte-plume redevient oiseau.
 
Nous allons bientôt poser les premiers fragments de notre film qui pourrait s'appeler: "Jour d'école" dans un pastiche de Tati qui conviendrait bien au sujet.
Pour ce début je voulais poser les intentions qui me préoccupent. La première est de saisir ces instants où le son/bruit devient musique (la musique est un bruit qui pense...) où le simple geste devient danse et les gestes instrumentaux qui y sont reliés, garder la trace d'un geste, d'un son.
Travailler dans le détail de l'oeil et de l'oreille. La dimension pédagogique étant de faire appréhender aux enfants la musique et la
danse comme on les imagine, comme ces deux disciplines surgissent, habillent l'instant, occupent le présent. Les étapes d'une création artistique.
Pour ma partie je voudrais donc travailler sur des images sonores: ce que l'oeil écoute. Travailler sur ces ponts trans/sensoriels. Dont je vais énumérer les premiers extraits. Pour cette première étape j'ai réalisé les pièces suivantes (toutes ces pièces sont
écrites à partir de collectages et d'un répertoire sonore du collège):
• "Escaliers B" pièce pour pieds qui marchent dans les escaliers, quintette à vents (flûte, hautbois, clarinette,cor, basson) quatuor à cordes (2 violons, alto,
violoncelle), piano, accordéon et percussions (2 timbales, glockenspiel, gong). Env 1'30
• "Stylos quatre couleurs" pièce pour stylos quatre couleurs, trousses,quatuor à cordes, piano préparé, 4 timbales, derbouka. Env 4'10
• "Nazli" pièce pour enfant oiseau,voitures qui passent au lointain, quintette à vents, quatuor à cordes, piano préparé, xylophone, woodblocks, caisse claire jouée aux balais. Env 3'45
• "Rinor" pièce pour choeur de 8 femmes (sopranos, altos) quatuor à cordes, Daf. Env 4'30
 
Pour la première pièce j'imagine donc un travail sur les pas dans les escaliers, les mains de la pianiste qui "joue" ces pas, l'écho qui en est donné dans les pizz des cordes (doigts qui pincent la corde) et le jeu du timbalier. Pour la pièce des stylos quatre couleurs il est question tout d'abord de mettre en lien les gestes instrumentaux avec l'utilisation des stylos et des trousses: pizzicato/stylos, arco/trousse. Je voudrais également avec la complicité d'un professeur et des élèves mettre la classe concernée en situation de créer cette scène face à un professeur pas au courant de l'histoire. Pouvoir saisir ce jeu "en vrai", l'espièglerie des enfants , leurs regards complices, les réactions du prof, et l'écho que l'on trouvera dans les échanges de regards du jeu du quatuor à cordes. Plus le ballet dans la classe qui est associé (sur lequel débouche cette échappée imaginaire).
Pour la pièce de Nazli cette petite qui a malencontreusement avalé un oiseau il y a les mains qui frottent les anoraks qui trouvent leur image transposée dans le jeu des balais sur la caisse claire, les voitures qui passent au loin, c'est un ballet dans la cour. De plus par l'entremise de l'image j'aurais voulu explorer la piste d'une métamorphose de Nazli qu'une fois pour toute elle se transforme en oiseau (nous sommes à l'Opéra...)
métamorphose urbaine: c'est l'oiseau dans la cité. Cela peut passer par le graphisme, des éléments de costume (peut on se procurer des ailes...à l'atelier costumes...). De plus chaque instruments du quintette à vent joue des motifs du chant d'oiseau de Nazli.
Pour la pièce de Rinor, c'est la première pièce vocale, elle n'est pas encore "contextualisée".
 
Par ailleurs je propose un autre axe de séquences autour de l'intervention d'Aymeric.
Les percussions "du monde" sont abordées dans leur axe fonctionnel: musiques folkloriques reliées à un rite, un évènement de la journée, une ponctuation de la vie de tous les jours. Musique de transmission orale. La présentation à été faite à toutes les
classes dans la continuité de la thématique vivant/savant développée au début de l'année.
J'ai demandé à Aymeric de travailler une phrase par classe qui sera jouée en situation dans le temps du jour d'école et rattaché à un évènement de la journée. Bien sûr il serait souhaitable d'y associer soit un mouvement soit un texte…
Notes préliminaires - prémices du projet
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Nicolas BIANCO
contrebasse, composition
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